Les villages qui se distinguent parmi tant d’autres
- Viré-Clessé : Quand deux villages s’allient pour un grand cru blanc
Au nord de Mâcon, Viré et Clessé partagent un pan de la légende bourguignonne depuis 1999, date à laquelle leur terroir accède à l’indépendance avec l’AOP Viré-Clessé, la première créée en France au XXI siècle. Ici, le seul cépage admis est le chardonnay, qui trouve sur ces coteaux marneux, riches en fossiles marins, une expression minérale et éclatante.
Les Viré-Clessé sont connus pour leur fraîcheur et une élégance saline rarement égalée. On y trouve aussi les célèbres « jus de chaume », issus de vendanges tardives sur grappes atteintes de pourriture noble — des nectars confidentiels (moins de 1% de la production annuelle) dignes des meilleurs liquoreux (Jancis Robinson, source).
- Fuissé : Le prestige du Pouilly-Fuissé
Difficile de ne pas citer ce village star : avec Solutré, Vergisson et Chaintré, Fuissé compose le carré d’or du mythique Pouilly-Fuissé. Les vins élaborés ici incarnent l’excellence du chardonnay sud-bourguignon, oscillant entre générosité, puissance et précision minérale.
Depuis 2020, certains « climats » de Pouilly-Fuissé (22 sur 216 ha, soit 24% de la surface totale) bénéficient du statut de Premier Cru, une reconnaissance historique en Bourgogne méridionale : des parcelles iconiques comme Le Clos ou Les Brulés, souvent vinifiées en fûts. L’idéal pour découvrir la diversité des terroirs mâconnais dans un même verre (source : Bourgogne Wines).
- Saint-Véran : Deux pôles, une même finesse
L’appellation Saint-Véran englobe non pas un, mais huit villages : certains au nord (Prissé, Davayé...), d’autres au sud (Chasselas, Leynes...). Tous partagent une typicité aérienne, avec des vins nets, vifs, à la finale d’agrumes confits ou d’amandes grillées selon les terroirs.
Le nom fait référence au village de Saint-Vérand (avec un « d ») dans le Rhône voisin, mais l’AOP s’épelle bien sans « d » : histoire d’éviter la confusion, et de marquer cette identité mâconnaise, encore intensément rurale.
- Charnay-lès-Mâcon : La porte d’entrée sur le vignoble
À la lisière nord de Mâcon, Charnay est la vigne urbaine par excellence, mêlant résidences contemporaines, vieux châteaux discrets et pentes douces. C’est l’un des rares villages où l’on croise à la fois des vignerons historiques et de jeunes néo-ruraux, qui réinventent le chardonnay sur des micro-parcelles. On recense à Charnay plus de 35% de viticulteurs en conversion ou certifiés bio (source : Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, 2023), un record sur l’ensemble du vignoble mâconnais.
Les blancs y sont souples, ronds, plus solaires, mais la surprise vient des rouges légers (gamay, pinot noir), confidentiels, à découvrir lors des portes ouvertes du village chaque printemps.
- Igé : L’art du temps long
Ce petit village, discrètement posé sur la côte nord de la vallée de la Petite Grosne, fut jadis doté de la première cave coopérative de Bourgogne (1927 : source La Vigne). Igé porte la tradition du commun, du partage et d’une viticulture résiliente, à travers ses vastes caves voutées et ses vignerons soudés.
Le chardonnay de ces coteaux (marnes et argiles) y prend une dimension presque saline, parfois rehaussée d’un soupçon de macération ou d’élevage en amphore chez les plus aventureux, renouant avec la triple temporalité de la vigne, du vin et du village.